vendredi, avril 14, 2006

An Enquiry Concerning Human Understanding, IV, 1. Rappels et situation du texte.


Jusqu’ici, Hume a distingué deux types de philosophies (la « philosophie facile » et la philosophie spéculative), en mesurant les avantages et inconvénients de chacune, et en rangeant la sienne plutôt dans la seconde catégorie. La nature de son projet philosophique se révélera bientôt plus complexe (cf. explication de la Section V). Dans la seconde section, il a ensuite dégagé la source principale de notre connaissance de ce qui est, à savoir les impressions desquelles sont censées dériver toutes nos idées. Conjointe à la section III qui rend compte des trois principes d’associations de nos idées (ressemblance, contiguïté, causalité), Hume a en fait mis en lumière que les relations entre nos idées ne sont jamais données dans une impression, mais qu’elles relèvent d’un jeu de notre imagination ou fantaisie. En particulier, dans le cas de la causalité, ces deux dernières sections lui ont permis d’exclure que la certitude que nous croyons avoir, lors de l’association régulière de deux événements, de leur connexion ne peut avoir pour origine nos impressions. La relation causale n’est pas une donnée ontologique.

NB : Il faut ici souligner la spécificité de l’association de nos idées suivant une relation causale par rapport aux relations de ressemblance ou de contiguïté : les deux autres relations ne reposent pas à proprement parler sur des inférences. Deux idées associées suivant un rapport de ressemblance ou de contiguïté sont représentées par l’imagination de manière contemporaine (on se les imagine toutes les deux dans le même plan). Quand il y a inférence, il y a production d’une liaison temporelle qui lie précisément au contraire un passé à un présent. La spécificité de l’inférence causale est dans cette production d’une nouvelle temporalité de l’esprit : le temps de l’esprit n’est plus, à partir du moment où il y a inférence une simple succession d’événements disjoints, mais apparaît comme un nexus, un temps où les événements sont tous liés les uns aux autres. La liaison des événements passés aux événements présents produit encore une anticipation de ce qui est à venir.

Il revient donc à présent à la section IV d’écarter une autre source possible de notre croyance en la certitude de cette connexion : que ce soit par un raisonnement produit par notre entendement que nous inférions le rapport causal d’une idée à une autre. Une fois écartée cette autre source possible de nos inférences causales, il apparaîtra comme nécessaire de proposer une autre explication qui justifiera la doctrine sceptique d’une science de la nature humaine.